Sauvageries, Karine Rougier



“Il paraît judicieux de voir dans le travail de Karine Rougier la synthèse possible de deux modes d’apparition de l’art a priori antagonistes. Les surréalistes auront été les premiers à incorporer dans leur pratique officielle les mécanismes issus de l’art dit « brut » : représentation de personnages, paysages inspirés des contes et traditions populaires, formes issues de l’artisanat, techniques simples (dessin, peinture), supports pauvres ou trouvés, écriture automatique s’incarnant dans la répétition obsessionnelle du motif ouvrant la porte d’un inconscient de plus en plus dénié par le rationalisme positiviste ayant prévalu au sein des avant-gardes de leur époque. Karine Rougier semble se réclamer ouvertement de cette hybridité féconde. Elle a créé au fil des ans un vocabulaire formel expressionniste laissant la part belle à l’érotisme, au rêve, à l’enfance et au monstrueux, personnages baroques parcourant d’un trait arachnéen des architectures impossibles, isolés ou au contraire ramassés en grappes compactes le plus souvent (sa marque de fabrique) au sein de formats grand aigle où le blanc du papier fait écho aux possibles sans cesse renouvelés de la psyché humaine. Ses nombreux collectionneurs ne s’y sont pas trompés : et ils savourent de son vivant une œuvre méprisant les coquetteries conceptuelles pour exprimer avec honnêteté les vicissitudes de nos vies mystérieuses et dérisoires.” Dorothée Dupuis, mai 2013














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